Michel est rentré à Bayonne, et je suis seul sur PopSea. Je décide de faire un trek sac à dos et de visiter l'Amazonie.
Je prévois de partir environ 3 semaines en transports locaux. D'abord en bus direction Belem, puis remonter l'Amazone en bateau hamac jusqu'à Santarem avec une immersion dans la forêt primaire Amazonienne.
Encore 2 jours de remontée de l'Amazone en bateau hamac jusqu'à Manaus. Visite de Manaus et séjour en lodge dans la jungle A1mazonienne.
Enfin, retour à Jacaré en avion.
Je mets à jour mon nouveau smart-phone acheté ici après le vol de l'ancien au carnaval d'Olinda avec une carte SIM Brésilenne et les applications qui me seront utiles pendant ce trek :
WatsApp pour communiquer facilement et à peu de frais avec l'Europe (et tout le monde)
maps.me sur lequel je charge les cartes de Belem, Santarem et Manaus,
Booking.com pour les réservations d'hôtel,
Uber pour les déplacements dans les villes (moins cher que les taxis),
Un traducteur efficace,
decolar.com pour les réservations d'avion au Brésil,
Skyscanner.com pour les vols internationaux.
Je prépare le minimum d'affaires pour ne pas trop me charger : un sac à dos à la journée et un sac polochon étanche. Pas de pull ni de blouson, un seul pantalon long très fin, une couverture pour les nuits fraiches sur les bateaux hamacs et les climatisations Brésilienne toujours poussées à fond. je prends aussi le PC portable Asus, certains sites étant difficiles à lire sur un écran de smartphone.
24 au 28 février : Belem
ça commence par 40 H de bus pour rallier Belem à partir de Joaa Pessoa. Le bus part à 7 H du matin pour arriver vers minuit le lendemain.
Les bus sont confortables, avec un arrêt toutes les 2 H environ. Je suis le seul touriste à bord, et je commence à me rendre compte que très peu de Brésiliens parlent Anglais : 1 seule personne sur tout le bus.
Heureusement il y a des taxis à minuit à la gare routière de Belem, et je peux facilement regagner mon hôtel où ma nuit est réservée.
J'ai réservé 4 nuits à l'hotel Unidos, dans le centre près de la place de la République où César parle Français.
Je réserve en agence une visite de Belem avec Marcello, un guide parlant Français. On sera deux à visiter avec Rose une Australienne qui voyage seule.
Marcello nous montre la basilique de Nazaré, une ancienne prison transformée en musée et salon d'artisanat, le jardin botanique, la cathédrale Metropolitana, le fort de Présepio lui aussi transformé en musée, le marché Ver-o-Peso, les anciens docs transfomés en restaurant.
Avec Marcello on décide de revoir le marché Ver-o-Peso très tôt le matin. On parcourt le marché. C'est aussi l'occasion de boire de l'Açaï. L'Açaï (Euterpe oleracea) est une espèce de palmier originaire d'Amérique du sud et tout particulièrement du Brésil.
C'est une baie ressemblant à la myrtille très appréciée au Brésil depuis des millénaires. C'est un fruit qui serait doté de propriétés coupe-faim et extrêmement énergisantes, à la limite du produit dopant. On peut le boire ou mélangé à des céréales, il se mange à le cuiller.
Je me promène ensuite à pied dans Belem en attendant le départ de mon bateau hamac pour Santarem le long de grandes avenues plantées de manguiers. je revisite la basilique de Nazaré, le théatre de la Paz et la place de la République.
J'embarque sur le Cisne Branco vers 17 H, le départ étant prévu à 18 H. Il s'agit d'un bateau de transport (passagers et marchandises) et non pas d'un bateau touristique.
28 février au 02 mars : Remontée de l'Amazone de Belem à Santarem
le Cisne Branco n’est pas de toute première jeunesse mais c’est ça, l’Aventure !
Il y a un seul pont pour les hamacs et plus trop de place. J'avise des jeunes avec des gros sacs à dos. Ce sont des Argentins qui ne parlent pas anglais eux non plus, mais qui se poussent pour faire une petite place à mon hamac.
C'est drole de regarder les gens voyager, certains sont juste avec un petit sac (comme s'ils rentraient du travail ou des courses !!) et d'autres déménagent carrément toute leur maison.
On assiste au chargement de plusieurs tonnes de tomates, oignons, riz, oranges, boites au contenu inconnu,… .
Le bateau fait environ 25 mètres avec un premier niveau qui sert de cuisine, mais surtout de stock de marchandises, le pont des hamacs avec quelques cabines, et le pont supérieur qui comporte quelques cabines sur l'avant, un bar/cafétéria au milieu et un grand espace ouvert sur l'arrière.
Sur le pont des hamacs il n'y a pas de fenêtres, mais des baches déroulées la nuit ou pendant les averses.
Les douches et toilettes sont assez propres, bien que rouillées et décrépies, mais lavés tous les jours, et avec assez de papier jusqu’à la fin de la traversée !
L’eau des toilettes est marron car c’est l’eau du fleuve. L’eau de la douche et des lavabos est transparente, mais je n'ai pas testé sa potabilité. Il y a des distributeurs réfrigérés à eau potable.
Le contenu des repas n’est pas très varié : c’est un plat complet composé de riz, haricots rouges, pâtes et, au choix poulet, bœuf ou poisson ; et ça tous jours, midi et soir…
L’immersion avec les locaux est garantie. Les passagers passent majoritairement le temps dans leurs hamacs à lire, écouter de la musique sur leurs smartphones ou dormir.
C’est aussi l’occasion de sympathiser avec d’autres voyageurs. Le seul qui parle couramment l'anglais est un Brésilien habitué des voyages sur l'Amazone. Il y a aussi une petite étudiante en biologie mais elle parle très mal anglais et il devient vite impossible te tenir une conversation. C'est très frustrant.
Le départ se fait sous la pluie. La nuit est fraiche avec de grands orages et le spectacle d’éclairs zébrant le ciel dans tous les sens. Heureusement que j'ai apporté ma couverture.
La journée passe et on remonte le courant du fleuve le plus long de la planète (environ 6500 kilomètres). Il a une amplitude de 17 mètres entre l’été et l’hiver, et il peut faire jusqu’à 40 kilomètres de large ! Toutes les maisons sont sur pilotis...
On assiste au spectacle de marchands qui arrivent sur leurs pirogues "moto-godilles", s'accrochent aux pneus pare-battage et vendent leur marchandises (crevettes, noix de coco, ...) aux passagers. Certains sont très jeunes et se livrent à des acrobaties dignes du cirque et tout ça sans filet (pas de gilet ni de harnais en cas de chute dans l'Amazone)...
Je remarque des scieries et du transport de bois. La déforestation continue...
On profite du paysage de jungle luxuriante qui défile sous nos yeux au rythme lent de la remontée.
L'arrivée à Santarem se fait vers 1 H du matin, plus tôt que ce que j'avais prévu, et mon hôtel n'est réservé que pour la nuit prochaine. Il y a un taxi, je le prends, on verra bien.
03 au 08 mars : Santarem et séjour dans la communauté Jamaraqua
L'hôtel Beira Rio ne veut pas de moi à 1 h 30. Je passe le reste de la nuit sur un banc devant l'hôtel et sur la promenade le long du rio Tapajós, mais c’est ça, l’Aventure !
Je ne me suis pas senti en insécurité, et j'ai profité d'un bel aurore. Puis je me suis installé à l'hôtel, qui a bien voulu me louer la chambre dès le matin.
Santarem est située au confluent du Rio Amazonas et du Rio Tapajos. Ces deux fleuves sont de couleurs distinctes et la ligne de démarcation est l’un des symboles de la ville.
La ville possède une agréable promenade le long du fleuve, des rues commerçantes très animées, quelques musées et une réserve naturelle privée toute proche.
Le point mis en avant dans tous les dépliants est la présence de la plus belle plage de sable blanc située à quelques kilomètres au sud à Alter do Chao. J'y suis allé mais l'Amazone est à son plus haut niveau et les belles plages sont sous l'eau.
Marcello ma recommandé "Nelis", un guide qui m'a organisé un trek dans la communauté Jamaraqua au coeur de la forêt primaire Amazonienne, dans la Floresta de Tapajos.
Nelis m'emmene chez "Bata", un "Nativos" chef d'une nombreuse famille avec ses 14 enfants et au moins autant de petis enfants, et il me confie à Frank, un guide qui parle français.
Frank n'est pas un nativos mais est marié avec une des filles du chef. Il a travaillé dans l'enseignement, et maintenant sa vie dans cette communauté est son choix. Il assume ce choix et c'est un passionné qui aime la nature. Il donne beaucoup d'explications et connait tous les noms de plantes et animaux rencontrés.
La communauté de Jamaraqua s’est ouverte à l’écotourisme, et plusieurs familles comme celle de Bata proposent aux touristes en quête d’aventures des treks dans la jungle et notamment dans la forêt primaire préservée de l’Homme.
Une maison a été construite pour montrer le travail du latex (caoutchouc) dans la région. Les familles proposent à la vente quelques produits d’artisanat très simples en caoutchouc comme des bijoux, des sacs, des porte-clés, ... Ces produits sont uniques et insolites.
A quelques pas de chez Bata, je peux observer des singes hurleurs, très foncés, relativement grands avec une grande queue préhensile.
Avec Frank nous partons en pirogue dans la "forêt inondée" sur le Rio Tapajos, à travers un enchevetrement de troncs, branches et racines pour découvrir une faune et une flore exceptionnelles. Des nénuphars dont la fleur ne s'ouvre que la nuit, ...
A la nuit, Frank m'emmène « chasser » les caïmans. De fait, on ne verra pas de caïmans (jacaré en Brésilien) mais les fleurs de nénuphars bien ouvertes.
Toujours en pirogue, on partira pêcher les piranhas, et on reviendra bredouille...
Le premier soir, je me promène à la nuit tombée dans la communauté. Les garçons jouent au football et les filles se prélassent sur les quelques bancs situés en face du terrain.
Pour la nuit, un grand abri couvert de palmes m'attend. Il y a déjà 3 allemands qui repartiront en pirogue pour Alter do Chao le lendemain. J'accroche mon hamac et pose mon sac.
Le repas sont préparés par la femme du chef de la communauté qui nous accueille chaleureusement. Au menu, c’est riz, haricots rouges, pâtes et poisson à tous les repas. On boit de l’eau minérale.
En fin d'après midi avec Frank et son chien, on part pour un bivouac dans la jungle. La marche n’est pas trop physique malgré un dénivelé d’une centaine de mètres. On prend le temps d’observer la faune et la flore d’abord dans la forêt secondaire puis dans la forêt primaire. On croise un paresseux, des termites, des mygales et de multiples insectes et oiseaux.
La végétation est très dense mais pas très colorée. Frank prend le temps de m'expliquer le rôle de chaque plante et arbre dans la forêt, en insistant sur les vertus médicinales de la flore.
Au bout de 2 heures de marche, on atteint l'abri, simple toit fait de branches de palmiers. On accoche nos hamacs et on ramasse du bois pour le feu. Frank inspecte l'abri pour être sur qu'il n'y a pas de mygale cachée.
A 20 mètres de l'abri on observe le coucher du soleil sur le rio Tapajós. C'est magique : seuls au beau milieu de la forêt primaire avec comme seul bruit celui des animaux...
Heureusement qu'il y avait du bois au sec sous l'abri pour faire cuire nos brochettes de poulet...
Nuit paisible même si le chien a jappé une fois. Dans la forêt primaire, Frank me montre des arbres "Samauma", c’est l’arbre le plus impressionnant que j’ai rencontré. Son nom signifie, en langue maia « Arbre Mère de la forêt », et son nom latin est le Ceiba pentandra. C'est un arbre immense au tronc gigantesque. Certains contreforts du tronc sonnent creux et permettent de jouer du Tam-tam.
Au retour on croise un serpent corail. Les serpents coraux sont les serpents les plus venimeux d'amérique après certains crotalus. On fera un large détour !
Pour le retour, Frank m'emmène en voiture jusqu'au goudron où je prendrai un bus pour Santarem.
Après une dernière nuit au Beira Rio, j'embarque sur l'Anna Karoline II pour ralier Manaus en 2 jours.
08 au 20 mars : Manaus
l'Anna Karoline II n’est pas de toute première jeunesse lui non plus, mais il y a 2 ponts pour les hamacs. J'accroche mon hamac sur le 1er qui est fermé par des vitres. Je suis un habitué maintenant ! Le pont supérieur est lui aussi équipé pour les hamacs.
J'entends parler français : c'est un couple de jeunes avec des gros sacs à dos. Ils se promènent en Amérique Latine, Manaus est une escale et ils vont continuer au Pérou...
Le 1er repas de midi est conforme à l'idée que je m'en faisais : riz, haricots rouges, pâtes et bœuf trop cuit. Seulement 3 H après, je suis pris de violent maux de ventre, que j'attribue au repas.
Impossible de manger le soir. Pendant la nuit, je renvoie mon repas du midi et je crois que ça va aller mieux. Mais non, c'est pareil le lendemain et la nuit suivante.
le 10 au matin, avec le couple de français on prend un taxi pour aller à l'hôtel Dez de Julho. Là, je suis pris d'une violente douleur sous les côtes à droite qui me coupe le souffle. J'installe mes affaires à l'hôtel et je me rends dans l'hôpital le plus proche à 10 mn à pied.
On me diagnostique des calculs dans la vésicule qui ont déclanché une crise de ladite vésicule et une pancréatite. Je vais rester à l'hopital jusqu'au 15 mars sous perfusion, antibiotiques et antiouleur.
J'ai évité une opération à Manaus, mais il faut que je rentre en France par avion pour me faire opérer. Pour celà il faut que je mette le bateau resté à Jacaré sous douanes. Nicolas, un des gérants de la marina peut s'en occuper, mais il faut que je lui fasse une procuration certifiée par un "Cartorio", sorte d'avocat Brésilien.
Un grand merci à Dominique, le consul de France à Manaus qui est passé me voir à l'hôpital et m'a bien aidé dans mes démarches pour obtenir cette procuration.
Il m'a aussi fallu annuler les équipiers que j'avais trouvés dans la bourse aux équipiers internet pour aller à Trinidad.
Comme je ne vais pas revenir de si tôt à Manaus, que je me sens bien et que mon avion est prévu pour le 20 mars, j'en profite pour réserver une visite de Manaus et un séjour en lodge dans la jungle.
A Manaus je visite à pied l'opéra, déjà photographié de la fenêtre de l'hôpital, le marché construit par Eiffel, un hôtel particulier, puis en bateau la séparation des eaux des rios Negro et Solimões, puis un village lacustre, un observatoire dans la jungle, les dauphins roses, une communauté de "nativos" dans des costumes primitifs. Rien que des situations pour touristes, mais ça permet de se faire une première idée.
Le séjour en Lodge comprend 2 jours, une nuit dans le lodge et une nuit dans la jungle.
En pirogue sur le rio, nous aurons l'occasion de voir un paresseux, un varan, des singes Macaques, un boa et de pêcher des Piranhas.
Dans la jungle, nous construirons notre abri et ferons rotir un poulet au feu de bois. Nous verrons des arbres Samauma, des fourmis amazoniennes, des araignées un serpent 'Urucucu" ou "Yarara" très venimeux. Notre guide Gonzalo s'étant fait piquer au doigt, notre aventure à travers la jungle s'arrêtera là. Gonzalo sera évacué d'urgence à Manaus. Il s'en tirera par un doigt nécrosé qui va nécessiter une opération, un moindre mal vu la dangerosité du serpent.
J'avais l'impression que cette immersion dans la jungle était factice, pour touristes. Certes, c'est aménagé pour que les touristes puissent venir, mais ça reste la jungle avec ses pièges et sa dangerosité.